Reprise du travail après un problème cardiaque
Étude 3 - Dossier de presse Belgian Society of Cardiology 2020
La reprise du travail après un problème cardiaque est non seulement un événement majeur sur le plan personnel, mais aussi une question de société qui exige l’attention nécessaire. Après pareil problème cardiaque, par exemple un infarctus ou une opération du cœur, le patient entre dans une phase de convalescence. Il n’est pas rare qu’il reprenne le travail pendant cette période, qui s’accompagne souvent d’angoisse et d’incertitude. En effet, en plus de craindre une récidive de la maladie, le patient peut avoir peur d’une reprise du travail. Les facteurs psychosociaux tels que le stress au travail jouent même souvent un rôle plus important que les facteurs médicaux pendant cette phase. Le rôle de la revalidation cardiaque en cas de reprise du travail est donc d’autant plus important
La revalidation cardiaque est primordiale
La revalidation cardiaque joue un rôle important dans la convalescence. Elle n’aide pas seulement à améliorer la condition physique et à combattre les facteurs de risque, comme le tabagisme, une tension artérielle trop élevée ou une hausse du cholestérol : elle permet aussi une reprise du travail qui soit la moins pénible possible.
La revalidation cardiaque est un programme multidisciplinaire permettant de suivre les patients après un infarctus ou une opération du cœur. Elle commence dès la prise en charge à l’hôpital et est programmée ensuite de manière ambulatoire, deux à trois séances par semaines pouvant être prévues. Ces dernières ne consistent pas uniquement en un entraînement physique, comme la kinésithérapie, mais passent aussi par la lutte contre les facteurs de risque, comme le cholestérol trop élevé, le tabagisme et l’hypertension. Le patient n’en est pas moins préparé à la reprise de travail pendant la revalidation et un accompagnement est prévu une fois cette étape franchie.
La revalidation cardiaque est primordiale pour permettre au patient de reprendre sans encombre le travail. Diverses études ont d’ailleurs démontré que les patients qui suivent une revalidation cardiaque sont plus susceptibles de reprendre le travail. Une récente étude du BWGCPR3, menée auprès de 330 patients dans quatre centres de revalidation belges, confirme également que la grande majorité des patients suivant aujourd’hui un programme de revalidation cardiaque reprend effectivement le travail. Ils étaient en effet plus de 85 % dans ce cas après un an. L’on notera avec intérêt que 67 % avaient déjà repris leur travail, à temps partiel ou non, pendant la durée du programme de revalidation.
Meilleure qualité de vie
La reprise du travail n’est pas uniquement synonyme d’avantages économiques pour le patient, sa famille et la société, elle a aussi pour conséquence une meilleure qualité de vie pour le patient et son entourage (étude EuroASpire IV 2019)4. Elle est donc perçue comme un facteur important du processus de guérison.
Espérance de vie et gravité de la maladie
Outre les facteurs psychosociaux, l’espérance de vie et la gravité de la maladie sont les principales raisons qui poussent un patient à ne pas reprendre le travail. Les patients de plus de 55 ans, par exemple, reprennent nettement moins souvent leurs activités professionnelles. Ceux qui ont souffert d’une insuffisance cardiaque, ont dû être réanimés ou ont survécu à une inflammation des valves cardiaques (endocardite) sont également bien moins susceptibles de faire cette démarche que ceux qui n’ont pas fait face à ces graves maladies. Par contre, les patients sur qui on a simplement posé un stent (sans infarctus) sont globalement les plus prompts à retourner au travail. De récentes études internationales ont d’ailleurs établi que seuls 50 à 75 % de ces patients reprenaient le travail après un an.
Nouveaux conseils
Le congrès BSC consacre une séance complète à la reprise du travail après un problème cardiaque. En plus de passer en revue les derniers conseils de la Société européenne de cardiologie, les spécialistes se focalisent également sur la situation spécifique à la Belgique, en attachant une attention particulière au rôle de la revalidation cardiaque, d’une part, et à la santé au travail ainsi qu’à la médecine du travail, d’autre part. Ces conseils doivent surtout permettre que la problématique de la reprise du travail fasse l’objet de toute l’attention nécessaire, en concertation avec le patient. Il faut aussi souligner l’importance fondamentale d’une coopération et d’une communication efficaces entre le cardiologue, le médecin traitant et la médecine du travail.
Quelques chiffres
- Pas moins de 58 736 nouveaux cas de maladies cardio-vasculaires ont été recensés chez les hommes en Belgique en 2015. Ce chiffre s’établissait à 58 098 pour les femmes.
- Parmi eux, on comptait 31 881 nouveaux cas de maladies coronariennes chez les hommes, contre 27 980 nouveaux cas chez les femmes.
- Chaque année, environ 15 000 Belges souffrent d’une attaque cardiaque. Un peu moins de la moitié n’y survit pas. Au moment de la première attaque cardiaque, un quart des hommes a moins de 55 ans. Environ 35 à 45 % de ces patients se trouvaient encore sur les lieux de leur travail au moment de cette attaque.
- Après un infarctus ou une opération du cœur, 75 à 85 % des patients en Europe et en Belgique reprennent le travail dans les 6 mois à 3 ans (étude EuroAspire IV 2019). Ils sont 15 à 25 % à ne pas reprendre leurs activités professionnelles passé cette période. Toutefois, la plupart des patients font cette démarche dans les 3 à 6 mois. Cela dépend évidemment de divers facteurs, notamment de la gravité de la maladie.
- Pour ce qui est du groupe des personnes sans emploi du secteur privé, la Belgique comptait en 2017 environ 379 908 invalides. Il s’agit en d’autres termes de personnes que leur âge intègre à la population active sur le plan économique, mais qui sont inaptes au travail depuis plus d’un an en raison d’une maladie. Parmi elles, 20 281, soit 5,3 %, étaient invalides en raison d’une maladie cardiovasculaire. Cette catégorie constituait numériquement le quatrième groupe d’invalides5. La première et la deuxième place étaient occupées par les problèmes locomoteurs et les problèmes neurologiques et psychiques. Le cancer arrivait environ au même niveau que les maladies cardio-vasculaires.
- Environ 90 millions de jours de travail sont « perdus » chaque année en raison des maladies coronariennes. Nous estimons que ce chiffre s’élève à environ 1,7 million en Belgique.
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